Le quatuor Fix Me puise à une citation de Gilles Deleuze, lui inspirant de « faire du corps de ses interprètes une puissance qui ne se réduit pas à leur organisme ». Un corps est tout entier travaillé par du symbo¬lique, et de l’engagement. Les corps de Fix Me s’acharnent à revendiquer leur place, à prendre la parole, à s’affirmer pour convaincre et arracher leur reconnais¬sance. Les danseurs et danseuses ont commencé par travailler équi¬pés d’oreillettes, à l’écoute de discours de femmes, tendus vers cet objectif : le rythme, la prosodie, de femmes pasteures noires, ou encore d’artistes hip-hop. Fix Me s’inspire encore de la densité des « zones d’autonomie tem¬poraire », telles les raves, ou les Nuits debout, quand une société s’invente pour ensuite se défaire et infuser. Cela consonne avec le set techno élaboré en direct par Arnaud Rebotini. Ce musicien se passionne pour les échanges entre disciplines, dont atteste son ré¬cent César de la meilleure musique originale pour le film 120 batte¬ments par minute. Quatre interprètes danseurs, des projections de films, une composition lumineuse de flashs et stroboscopes, très étudiés, tissent ces plans d’écriture scénique. Fix Me met en mou¬vements les forces de la harangue et de l’exhortation.