C’est passionnant. C’est inépuisable. Les liens entre musique et danse n’en finissent jamais de provoquer de nouvelles inventions. Le trait particulier de la chorégraphe Jann Gallois est d’avoir elle-même bénéficié d’une solide formation musicale. Laquelle se combine, chez elle, avec un goût très marqué pour la chose scientifique ; spécialement mathématique. Issue de la famille hip-hop, où les trajectoires féminines demeurent rares, Jann Gallois en a hérité la technique, tout en choisissant de s’affranchir des conventions qui régissent ce mouvement.
Dans sa nouvelle pièce, Quintette, la chorégraphe se tourne vers le phasing, technique de composition musicale travaillée par les compositeurs américains Steve Reich et Thierry Riley dans les années 60. Trop souvent, on la réduit à la notion de « répétitivité ». Mais c’est mal rendre compte de tout un jeu subtil, enivrant à la longue, de décalages et réajustements. Cette écriture très tendue est aussi celle qui anime la danse des cinq interprètes de Quintette. Jann Gallois aime que sa chorégraphie découle de la mise en œuvre d’un principe de contrainte dominante, unique et centrale. La mécanique de Quintette est celle qui, dans un groupe, régit l’union et la séparation des corps, à la façon d’un cycle sans fin. On peut lire une métaphore générale des relations humaines, dans cette danse très vive, nette et contrastée, aux transitions enlevées, qui compose, dans le va-et-vient, des agencements sans fin, magnifiquement articulés.
« Avec Quintette, réjouissante création à la lisière des styles contemporain et hip-hop, Jann Gallois confirme ses talents de chorégraphe et se dessine un avenir toujours plus prometteur. » La Terrasse