Quelques années après la mort de sa mère, un fils lui adresse un chant d’amour bouleversant, dans lequel il lui dit tout ce qu’il a tu, et dans lequel il nourrit l’espoir d’une réconciliation. Jean-René Lemoine transfigure le réel dans un monologue qui « gratte la mémoire jusqu’à l’os » et recompose son histoire à partir de lambeaux. Séparés par les mers, depuis que sa mère s’était réinstallée en Haïti, ils entretenaient une relation à distance, chahutée par les incompréhensions, les conflits et le poids de l’exil. Jean-René Lemoine est rattrapé par ce pays qu’il avait tenté de fuir, un pays descendu dans l’abîme, ravagé par la violence et la misère. Dix-huit ans après sa création il confie la mise en scène à Guy Cassiers, « maître incontesté des images » qui donne à ses maux un écrin de douceur, en clair-obscur, permis par un travail de lumières sobre mais éblouissant, et de jeux de miroirs minutieux.

« Vivante‚ je m’étais exilé de vous. Morte‚ vous redessiniez mes frontières‚ comme un indiscernable océan. Je vous avais connue sainte‚ je vous retrouvais martyre. Alors‚ puisque vous ne me laissiez pas de répit‚ puisque je ne pouvais plus prendre le large pour fuir votre absence infinie‚ j’ai décidé́ de partir à votre recherche et de me rapprocher de vous. »

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