C’est au Candide de Voltaire que la célèbre Cunégonde doit son immortelle postérité. Et force est de constater que près de trois siècles après sa rédaction (1759), ce conte, cette « coïonnerie » – le mot est de l’auteur – a gardé une verve et une audace dont les secousses sont au moins aussi puissantes que le tremblement de terre de Lisbonne dont il est question au détour d’un chapitre.

C’est de ce faux Candide à la lucidité évidente, qu’Estelle Savasta s’est clairement inspirée pour écrire un texte qui réinterprète, à la lumière de notre époque, les abracadabrantes tribulations. Accompagné d’une chanteuse lyrique et d’un beat boxer bruitiste prisonnier de son écran vidéo, Élie Triffault, acteur, propose aux plus jeunes (mais pas que) de « s’emparer du monde pour le cultiver ensemble ». Une proposition de théâtre conçue par Camille Rocailleux pour se monter « là où l’on est », comme on dresserait une tente, dans l’urgence et le désir de rencontrer et faire réfléchir son prochain.

Car hier comme aujourd’hui, ne faut-il pas réaffirmer le mérite d’un bonheur modeste et concret plutôt que la vaine et mortifère conquête d’improbables gloires ? Il ne s’agit pas de se voiler la face sur notre sort un rien chaotique et parfois désespérant, c’est à force d’optimisme et d’engagement que nous risquons Hic et Nunc (ici et maintenant) d’y parvenir.