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théâtre

Tableau d'une exécution

Howard Barker / Claudia Stavisky

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Le tableau dont il est ici question est celui de la Bataille navale de Lépante, commande publique de la République de Venise destinée à célébrer – sur trente mètres de long –, la victoire remportée sur les Ottomans en 1571. L’auteur de ce tableau ? Une femme au génie et à la parole insolente, Galactia, imaginée par celui que Claudia Stavisky considère comme le seul grand tragédien de théâtre encore vivant : Howard Barker. Shakespearienne dans sa forme comme dans son propos, la pièce met en jeu une mécanique complexe où la vérité sanglante et sans fard de la guerre – plus de vingt mille morts à Lépante – dépeinte et menée par l’artiste, se heurte à l’apologie politique de la victoire. « Je peins cette bataille de telle façon que tous ceux qui la regarderont auront l’impression d’y être, et tressailliront de douleur à l’idée qu’une flèche pourrait jaillir de la toile et leur crever l’œil […] un tableau si bruyant que les gens le contempleront effarés en se bouchant les oreilles, et quand ils seront sortis de la salle, vérifieront que du sang ou des éclats de cervelle n’ont pas giclé sur leurs vêtements. » Loin des ors et des velours repus d’une Renaissance se regardant au miroir de sa gloire, Barker invente un nouveau rouge pour le sang, une nouvelle boue pour la lagune, faisant de la figure de l’artiste un héraut de la vérité refusant de plier le genou devant le pouvoir. Claudia Stavisky, qui s’y connaît en matière de femme rebelle, a souhaité confier ce rôle à l’immense Christiane Cohendy, pour porter haut la langue de Barker, ce miracle d’écriture où l’intime sait porter le feu des passions tout autant que le lyrisme épique des grands combats du monde.

 

« J’ai confié le rôle de Galactia à Christiane Cohendy parce que c’est une actrice physique et animale. J’aime que Galactia soit une femme mûre qui, malgré son âge, reste profondément charnelle. C’est un personnage aventureux, inattendu et insaisissable. Je trouve que Christiane Cohendy a beaucoup de Galactia en elle. » Claudia Stavisky