Ce conte, sans doute l’un des plus singuliers d’Andersen, livre l’histoire, inquiétante et merveilleuse, d’un homme savant, plongé dans l’encre de ses recherches qui, pour n’avoir su accueillir toutes les promesses de la vie se voit abandonné par son ombre. Cette dernière, gourmande d’amour et de voyages, décide d’aller courir le monde… jusqu’au jour – nostalgie ? méchanceté ? – où elle décide de revenir, riche et célèbre, auprès de celui dont elle partageait autrefois la vie. Qu’entre les deux viennent à passer – conte oblige – la fille du roi et que l’amour s’en mêle, rien n’ira plus comme avant. Librement adapté par le dramaturge et philosophe Frédéric Vossier, la fable ici mise en scène par Jacques Vincey – acteur chez Patrice Chéreau, Luc Bondy ou André Engel, avant d’avoir travaillé, de l’autre côté du plateau, sur Sade, Genet, Shakespeare ou Feydeau – révèle cette irréductible part d’obscurité qui sommeille en chacun de nous et aspire à rompre les digues dans lesquelles notre très cartésienne raison voudrait la tenir. Un spectacle pour tous à partir de huit ans, à l’image d’un Andersen qui toujours aura dû, non sans douleur, faire cohabiter dans un même corps, les rêves déçus d’une enfance malheureuse et la gloire étincelante de l’un des auteurs parmi les plus appréciés et lus de son vivant.